La fatigue mentale reste un sujet d’actualité dans nos sociétés. Une étude récente publiée dans Biologie actuelle montre qu’elle est associée à l’accumulation du neurotransmetteur glutamate dans le cortex préfrontal.
La nécessité d’éliminer les niveaux excessifs de glutamate en raison de son effet potentiellement toxique pourrait augmenter l’effort requis pour le travail mental, entraînant de la fatigue. Il s’agit d’une étape importante vers la compréhension des mécanismes sous-jacents à l’expérience de la fatigue mentale.
Le Dr Antonius Wiehler, auteur de l’étude et psychologue à l’Institut du cerveau de Paris, Hôpital universitaire de la Pitié-Salpêtrière, a expliqué à Medical News Today pourquoi ils ont choisi de faire des recherches sur ce sujet particulier :
“Personne ne sait ce qu’est la fatigue mentale, comment elle est générée et pourquoi nous la ressentons. Il est resté un mystère malgré plus d’un siècle de recherches scientifiques. Les machines peuvent effectuer des tâches cognitives en continu sans fatigue, le cerveau est différent et nous voulions comprendre comment et pourquoi.“
« Par ailleurs, la fatigue mentale a des conséquences importantes : pour les décisions économiques, pour la gestion au travail, pour l’éducation à l’école, pour la guérison clinique, etc. », a-t-il ajouté.
“Lorsque le travail cognitif intense se prolonge pendant plusieurs heures, certains sous-produits potentiellement toxiques de l’activité neuronale s’accumulent dans le cortex préfrontal. Cela altère le contrôle sur les décisions, qui sont déplacées vers des actions à faible coût (sans effort, sans attente), au fur et à mesure que la fatigue cognitive apparaît.
— Dr Antonius Wiehler
Raisons potentielles liées à la fatigue mentale
La sensation de fatigue après une journée passée à accomplir des tâches exigeantes qui nécessitent un effort mental ou un contrôle cognitif est un phénomène courant.
Le contrôle cognitif fait référence aux processus cognitifs ou mentaux qui permettent à un individu d’adapter ses pensées et ses comportements en fonction de ses objectifs tout en inhibant les comportements automatiques ou impulsifs. Par exemple, contrôler l’impulsion de manger de la malbouffe pour poursuivre l’objectif à long terme de maintenir un poids santé nécessite un contrôle cognitif.
Pendant la fatigue cognitive, les individus peuvent ressentir une diminution de leur capacité à maintenir le contrôle cognitif, augmentant leur tendance à adopter des comportements impulsifs qui procurent une gratification immédiate.
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Les scientifiques ont déjà découvert les régions du cerveau impliquées dans le contrôle cognitif et la fatigue, et l’une est le cortex préfrontal latéral (LPFC). Le LPC est l’une des régions du cerveau qui montre une activation accrue lors de l’exécution de tâches nécessitant un contrôle cognitif. De plus, des études antérieures ont montré une diminution de l’activité de LPFC avec augmentation de la fatigue mentale ou cognitive.
Mais la raison sous-jacente à cette expérience de fatigue après s’être engagé dans des tâches nécessitant un effort cognitif prolongé reste inconnue.
Les chercheurs ont proposé que l’épuisement des réserves énergétiques globales, telles que la glycémie, après une journée de travail mental pourrait priver le cerveau des ressources énergétiques nécessaires pour exercer un contrôle cognitif. Cependant, des études montrent que les apports énergétiques globaux ne sont pas affectés par les tâches cognitives.
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Le Dr Clay Holroyd, neuroscientifique à l’Université de Gand, qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré qu’il s’agissait de l’hypothèse du glucose ou de la théorie biophysique.
Au lieu de cela, les auteurs de la présente étude ont suggéré que la déplétion ou l’accumulation de certains métabolites dans le cerveau pourrait être responsable de la fatigue mentale.
Les changements métaboliques dans le cerveau dus à la fatigue cognitive pourraient rendre plus coûteux ou plus difficile l’exercice d’un contrôle cognitif et augmenter la préférence pour les comportements nécessitant moins d’effort cognitif. De plus, selon ce modèle, lorsqu’un individu est suffisamment motivé, il peut toujours être en mesure de maintenir des niveaux élevés de contrôle cognitif malgré la fatigue mentale.
Dans la présente étude, les chercheurs ont mené une expérience d’une journée impliquant des participants engagés dans des activités cognitives nécessitant différents niveaux d’effort mental pour tester ce modèle.