Furtive comme une pomme... Crédit Photo : Google Images

Furtive comme une pomme…

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Il faisait extrêmement chaud, en cet après-midi du mois d’avril. Pourtant, la jeune fille se devait de faire les courses qu’on lui avait confiées. On devait faire une salade de fruits en dessert. Elle se promenait dans le marché quand elle aperçut, soudain, une marchande qui vendait toutes sortes de fruits. On pouvait voir sur son immense étalage des fruits de saison, des fruits locaux comme tropicaux. 

Il y avait de grandes et belles pastèques, de majestueux ananas, de magnifiques bananes, des mangues au parfum enivrant, de gros avocats, de splendides goyaves, des oranges, des mandarines, des raisins, des poires, etc. Il suffisait de penser à un fruit, de lever la tête pour le trouver. La jeune fille en était ravie. La salade sera délicieuse. 

Elle choisit d’opter pour les fruits les plus juteux et les plus sucrés. Elle prit des ananas, des pastèques, des papayes, des melons, des mangues, des bananes et des oranges. Elle était en train de régler la facture de ses achats quand un garçonnet apporta à la marchande, une caisse contenant des bananes trop mûres. 

La marchande se mit à examiner ces bananes quand elle vit au fond de la caisse une petite pomme verte. Que pouvait-elle bien faire là ? Elle avait dû tomber dans la caisse par hasard.

On apporta la monnaie à la jeune fille, mais il y avait un très léger déficit. La jeune fille sourit et demanda alors à la marchande de lui vendre la petite pomme furtive en échange. La marchande accepta et la jeune fille s’en alla heureuse de ses achats. Si seulement elle savait comment cette pomme s’était retrouvé dans cette caisse. Elle aurait sans doute préféré qu’elle ne se retrouve pas dans son sac de fruits.

C’était une petite pomme verte. Elle était tombée de son arbre comme toutes ses sœurs. Cependant, elle n’était pas comme les autres. Elle abritait un petit ver qui se faisait discret. Si, discret qu’elle semblait bonne, sans aucune imperfection, délicieuse à manger. Elle échappa donc au panier des pommes pourries et survit au long voyage qui la conduisit à la marchande. 

La pomme furtive était installée avec ses sœurs, prête à être vendu. Les clients vinrent, se succédèrent les uns après les autres. Notre petite pomme vit ses sœurs, ses amies s’en aller les unes après les autres. Allez savoir pourquoi on ne la choisissait pas. Pourquoi les autres et pas elle ? N’était-elle pas aussi verte et juteuse que ses sœurs ? Elles venaient pourtant du même pommier, ce n’était pas juste. 

Néanmoins, notre petite pomme gardait espoir. “Bientôt, ce sera mon tour” se disait-elle. Un jour, alors qu’une cliente s’approcha de l’étalage de la marchande en compagnie de sa fillette d’à peine deux ans, celle-ci se saisit de notre petite pomme sans que personne s’en rende compte. Ses mains étaient pleines de salives et glissaient si bien que la pomme qu’elle avait commencé à sucer lui échappa et tomba dans la caisse qui contenait déjà quelques bananes trop mûres. 

Le temps qu’elle essaye de récupérer son nouveau jouet, sa mère qui venait de finir son achat, la prit et s’en alla. “Non, ne me laissez pas là” aurait voulu crier la petite pomme. Était-elle donc condamnée à pourrir seule, sans que personne profite de sa saveur ? Triste, la petite pomme cessa de penser et se résigna.

Des jours passèrent. Le petit ver que notre pomme abritait grandie toujours aussi discrètement. Et la pomme paraissait toujours bonne pour la jeune fille qui venait de l’acheter. La pomme, quant à elle, était heureuse, on allait pouvoir la déguster enfin, comme toutes ses sœurs et amies.

De retour chez elle, la jeune fille déballa ses courses. Exténuée, elle décida qu’elle méritait bien de manger sa petite pomme. Elle la rinça et prit un couteau. Dans une assiette, elle entreprit de couper la pomme en petits morceaux. Quelle ne fut pas sa surprise quand, après avoir tranché la pomme en deux, elle vit qu’elle était à 80 % pourrie de l’intérieur. Il n’y avait pas grand-chose à récupérer. 

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Elle n’avait pas le cœur à manger trois ou quatre minuscules morceaux dont le goût serait sans doute infecte, alors qu’elle allait bientôt profiter d’une bonne salade de fruits. Elle soupira et mit dans la poubelle la pomme pourrie. Pauvre petite pomme ! Pendant un bref moment, elle pensait pouvoir enfin entrer au paradis de la consommation. Hélas, c’était l’enfer de la pourriture qui l’attendait dès le début.

 

Auteur : Ginessa DOSSEH 

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