L'an 2322

L’an 2322 – La médecine cybernétique

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L’an 2322

 

La médecine cybernétique

Les progrès de la médecine reposent sur l’obtention de modèles toujours plus précis du corps humain. La santé est comprise comme un système d’équilibres dynamiques ; une thérapie intervient dans les chaînes causales représentées dans le modèle afin de favoriser le rétablissement d’un équilibre des flux perturbé. Aussi précise que soit la science qui la sous-tend, à quel point elle pénètre dans les structures cellulaires, biochimiques ou même subatomiques, la médecine thérapeutique rencontre toujours la nature de l’extérieur. Le médicament est administré, le corps doit le traiter lui-même.

La pharmacocinétique ne remplace pas l’observation : il faut voir comment fonctionne une thérapie . Néanmoins, il faut voir que la nature se retire. On propose sans cesse des scénarios dans lesquels la nature asservie, ignorée, moquée contre-attaque, mais au-delà de ces subjectivations, force est de constater que le concept de nature perd de sa portée. Au lieu de cela, les systèmes deviennent de plus en plus importants.

Au lieu d’aborder le corps de l’extérieur, on peut aussi appréhender les modèles humains de manière constructive et remplacer des parties du corps par des représentations de son modelage. Vous pouvez remplacer un os cassé par une attelle métallique, une veine par un tube en plastique, améliorer un cœur par un stimulateur cardiaque, extérioriser un rein par un appareil de dialyse.

Certes, l’idée que de tels artefacts ne peuvent jamais être qu’un dernier recours, que les tâches physiologiques ne peuvent jamais être résolues par la technologie aussi bien que par la nature, dans laquelle la sagesse de milliards d’années est cachée, peut être maintenue pendant longtemps. Mais la technologie s’améliore.

L’interface entre les humains et les artefacts techniques existe depuis au moins le XXe siècle, le manque d’intégrité du système global restant longtemps dominant. Déjà au début du 21e siècle, la construction d’extrémités artificielles pouvant être contrôlées par le pouvoir de la pensée était un succès. Près de trois cents ans plus tard, les organes artificiels sont plus performants, plus stables et surtout plus faciles à remplacer que leurs homologues naturels. Mais l’intégrité de l’être humain tout entier fait encore défaut lorsqu’il est composé de parties naturelles et techniques. Car l’importance de la rupture de milieu ne peut guère être surestimée.

En principe, à la fin du 23e siècle, une personne peut déjà décider du type de corps qu’elle souhaite. Veut-il réellement conserver ses muscles naturels plutôt chétifs ? Beaucoup veulent. Même avec ces technologies avancées, ce que le cyborg perd le plus, c’est la conscience de son corps. Le confort, le désir – notre existence humaine vient du corps. Et la fonctionnalité n’est pas un argument décisif. Vous pouvez toujours remplacer vos parties de corps malades par des organes naturels du laboratoire.

Bien sûr, il y a aussi des monstres. Les personnes qui n’attachent pas d’importance particulière à leur sensation corporelle. Au contraire, ils déclarent positivement qu’ils peuvent penser beaucoup plus clairement avec le corps de la machine. Que tous ces sentiments et envies qui se déversent de votre corps sont principalement des afflictions dont vous êtes heureux d’être débarrassé.

 

À suivre…

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